Réunion
du 21 avril 2009
L’arrestation
et l’exécution de Philibert de Rapin
Les guerres de religion ont ravagé le royaume de
France dans la seconde moitié du XVIe siècle, où se sont opposés catholiques et
protestants.
A partir du XVIe siècle, au catholicisme s’oppose le
protestantisme, opposition qui débouche sur une terrible guerre civile. Les
premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent
dans les années 1520. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550, pour voir
le développement des clivages.
C'est sous le règne d’Henri II (1547-1559), que les
tensions religieuses augmentent dangereusement. Le roi met en place une
législation anti-protestante. Il multiplie les édits répressifs. L'édit de
Compiègne de 1547, réserve aux tribunaux laïques le jugement des protestants
dès qu'il y a scandale public. L'édit d'Ecouen de 1557, demande d'abattre sans
jugement tout protestant en fuite ou révolté[]. En 1559, les lettres d'Ecouen donnent mission à
certains notables de se rendre en province pour réprimer l'hérésie, et c’est à
ce moment-là que le conflit se politise. Nous entrons dans les guerres de
religion qui[]
se poursuivent, entrecoupées de périodes de paix, jusqu’en 1598, avec la
signature de l’Edit de Nantes, le 30 avril. Elles trouvent un prolongement aux
XVIIe (siège de La Rochelle, révocation de l’Edit de Nantes) et XVIIIe siècles
(guerre des camisards), jusqu’à l’arrêt des persécutions par l’Edit de
tolérance de Louis XVI en 1787.
Le sud-ouest de la France voit un essor important du
protestantisme. De nombreux seigneurs de notre région adoptent la religion
réformée à l’exemple du roi de Navarre, ainsi que du prince de Condé à qui
notre région appartient. C’est ce dernier qui amène dans la région de Grenade
la famille Rapin.
La famille Rapin est originaire de
Saint-Jean-de-Maurienne. Trois des fils de Pierre Rapin vont jouer un rôle
important dans l’histoire de la France : Jacques, Antoine et Philibert.
Jacques de Rapin, né entre 1515 et 1520, est prêtre.
Il devient vicaire général de Maurienne et protonotaire apostolique puis,
aumônier de Catherine de Médicis.
Antoine de Rapin, disciple de Luther, a pris du
service dans la compagnie de Terride, alors que Antoine de Lomagne, vicomte de
Gimoez, baron de Terride, était gouverneur de Pignerol en 1549. Il suit son
capitaine dans notre pays et épouse Cécile de Dous, fille du seigneur d’Ondes,
restée veuve de Raymond du Verger, avec deux enfants Jeanne et Gilbert. Le nom
d’Antoine de Rapin figure souvent dans les annales des guerres religieuses, car
il est trois fois gouverneur de Montauban, de 1556 à1570.
Accentuant
l’alliance avec la famille des seigneurs d’Ondes, Philibert de Rapin, frère
puîné d’Antoine et ayant dix à quinze ans de moins, homme d’armes du duc de
Savoie, puis gentilhomme de la duchesse d’Enghien et enfin, surintendant du prince de Condé,
épouse Jeanne du Verger, fille de Raymond et Cécile de Dous, le 7 juin 1556 à
Grenade-sur-Garonne.
Philibert de Rapin
et sa famille habitent la propriété de Gilbert du Verger, le frère de Jeanne,
près de Grenade au lieu dit Rebeau ou Rabaud, sur la baronnie de Mauvers.
Il prend une part
très active aux combats que mènent les Réformés contre les catholiques, à
Grenade et dans toute la région.
Début octobre 1561
de violents troubles éclatent dans Grenade entre les adeptes des deux
religions. Plusieurs prêtres y seraient tués (à cette époque il y en a 24 dans
la cité.)
Le 15 novembre 1561,
trente ou quarante réformés de tout âge et de tout sexe, qui se sont retirés
dans une maison de Grenade, pour se livrer aux exercices de leur culte, sont
assaillis par les prêtres, à l’issue des vêpres, ayant ralliés un bon nombre de
gens de leur parti. Plusieurs réformés sont tués sur-le-champ, les autres
conduits sur la place et inhumainement massacrés puis fait dévorer par les
« pourceaux »
Philibert de Rapin
dirige le pillage et l’enlèvement des religieuses de Lespinasse en 1561 et
prend une grande part aux troubles et à la conjuration qui ensanglantent
Toulouse les 13, 14 et 15 mai 1562. Le parlement de Toulouse le condamne alors
par contumace, pour sédition et crime de lèse-Majesté.
Il est amnistié par
le roi et chargé par celui-ci d’apporter au parlement de Toulouse l’édit de
pacification qui vient d’être signé à
Longjumeau le 23 mars 1568. Arrêté par ordre du Parlement de Toulouse, il
est saisi à sa ferme de Rebaud par des
grenadains, et amené à Toulouse. Il invoque en vain le sauf-conduit
royal ; le cardinal de Lorraine a écrit à l’avance qu’on n’eût aucun égard
aux lettres du roi si l’on y trouvait certaine marque qu’il indiquait.
Philibert de Rapin voit son procès
s’instruire en trois jours et, il est décapité sur la place Saint-Georges, le
13 avril 1568.
Philibert de Rapin
est le premier de ces dix-mille
huguenots qui, aux dires des historiens, sont massacrés dans les dix
mois qui suivent le traité de paix..
Sous la pression du prince de Condé, les Huguenots, pour s’en venger, mettent à sac les environs de Toulouse, détruisent et mettent le feu à toutes les maisons des conseillers du parlement sur les ruines desquelles les soldats écrivent avec des charbons tout fumants, ces mots : Vengeance de Rapin !